Le concert Valentina Igoshina Aurélien Pascal le 20 octobre à Menton par Carlo Schreiber

Les Musicales de Menton ont programmé sous l'égide des Amis du Festival de Menton un concert de grande qualité avec le violoncelliste Aurélien Pascal et la pianiste Valentina Igoshina. Ce récital aurait parfaitement pu cadrer dans la programmation du Festival de Menton.

Aurélien Pascal a été sacré "Révélation Soliste instrumental de l'année" lors de la 30ème cérémonie des Victoires de la Musique Classique 2023". La cérémonie a réuni cette année 976.000 téléspectateurs, chiffre mesuré par l'Institut Médiatrie. Ces chiffres ne prennent en compte que l’audience télé. S’y ajoutent les auditeurs de France Musique qui retransmettait également la soirée en direct.

Cette récompense ouvre généralement la voie pour une très grande carrière.

Valentina Igoshina a été formée au Conservatoire de Moscou. Elle affiche un joli tableau de chasse. Lauréate des plus importants concours internationaux: Rubinstein(Pologne), Rachmaninov (Russie),Hamamatsu (Japon), Reine Elisabeth (Belgique) et José Iturbi (Espagne) Elle est reconnue mondialement comme une interprète de grande qualité et sensibilité. 

Aurélien et Valentina nous proposent un superbe programme de musique française et russe.

Gabriel Fauré, dont on célébrera l'année prochaine le centième anniversaire de son décès.

Le récital commence par la Sicilienne de Gabriel Fauré.

Composée à l'origine pour flûte et orchestre, extrait d'un opéra, la pièce parle du personnage principal qui se remémore du passé avant sa mort imminente. La vie n'était pas facile, mais pas entièrement amère. Après un long voyage dans la vie, on est prêt à accepter la fin avec gratitude. Aurélien et Valentina communiquent le sentiment mélancolique, nostalgique, doux-amer, élégant, gracieux, et mélodieux de ce petit chef d'œuvre. Ils nous touchent au cœur. L’Elégie en ut mineur de Fauré est l’une des œuvres les plus célèbres pour violoncelle et piano. Sa tonalité d'ut mineur et son tempo lent en font l’une des plus belles pages du répertoire pour violoncelle, chargée de lyrisme et de mélancolie.

Aurélien annonce qu'ils joueront en plus la Mélodie de Tchaïkovski pour faire le passage à la partie russe du programme. Le micro ne fonctionne pas bien et une grande partie du public ne l'a pas compris. Il n'y a pas d'applaudissements et ils enchaînent sans explications avec la sonate de Rachmaninov, ce qui perturbe le public.

Rachmaninov considérait le rôle du piano non seulement comme un accompagnement, mais comme un rôle égal à celui du violoncelle. La plupart des thèmes sont introduits par le piano, tandis qu'ils sont embellis et développés dans la partie du violoncelle.

On assiste à une interprétation haut de gamme. Aurélien est un musicien sincère. Il joue du violoncelle sans effort. Il y a une certaine qualité facile, ludique et géniale dans le jeu d'Aurélien. Mais elle est suffisamment sérieuse et intense là où c'est nécessaire.

Valentina Igoshina est une spécialiste de Rachmaninov, dont on célèbre cette année le 150ème anniversaire de sa naissance. On est soufflé par sa maîtrise artistique. Il semble qu'il y a eu des problèmes de livraison avec le piano initialement commandé. Le piano quart queue est juste passable. Heureusement que Valentina est assez humble et considère comme un défi de pouvoir tirer un maximum de l'instrument. Ce qui compte le plus c'est la pianiste, pas le piano !

Et quelle pianiste ! Valentina est une musicienne incroyablement douée et passionnée.

Elle fait entendre un jeu où raffinement, virtuosité, poésie et caractère vont de pair.

Elle forme avec Aurélien un duo parfait.

Le public leur réserve une belle ovation. Ils nous offrent en bis la merveilleuse "Vocalise" de Rachmaninov. Une interprétation toute en retenue, avec un sens ineffable de l'intime avec une présence à chaque note, et des phrases mouvantes, qui avancent, reculent, bougent...et ne sont jamais statiques. Et quelle sonorité chaleureuse, quel beau vibrato !

Un deuxième bis très virtuose originalement composé pour violon "La Capricieuse" du compositeur anglais Edward Elgar termine ce très beau concert.