La chronique de Carlo: le concert de Benoît Dumon, à Saint John's
D'un Festival à l'autre.
Les mélomanes mentonnais ont souvent émis le désir d'assister à des concerts en-dehors du Festival.
Les Amis du Festival ont donc pris l'initiative d'organiser des concerts de qualité pendant dix mois, de septembre à juin.
Les concerts classiques ont lieu chaque troisième vendredi du mois en l'Eglise St. John à Menton à 18h30.
Après le concert les mélomanes se retrouvent pour un moment de convivialité autour d'un verre, et ont l'occasion de rencontrer les artistes.
Le premier concert présente le contreténor et claveciniste Benoît Dumon.
Il est seul en scène et accompagne sa voix depuis le clavecin, pour renouer avec la pratique du XVIIème siècle.
Le concert est intitulé "O Solitude"
Benoît Dumon sublime les plus belles pages de la musique italienne, française et anglaise, de la renaissance et du baroque.
Il nous invite à un voyage intérieur au cœur des multiples visages de la solitude.
L'Eglise St. John est un cadre idéal pour ce répertoire.
Le programme est très bien construit.
Benoît Dumon donne quelques explications avant d'interpréter les œuvres.
Il alterne des pièces au clavecin de Frescobaldi, Sweelinck, Cabezon et Bruna avec les pièces chantées.
On découvre ainsi des petits bijoux de Giulio Caccini et de sa fille Francesca une des premières compositrices de l'histoire de la musique.
Benoît Dumon a une magnifique voix, douce et naturelle
Il y a également les airs plus connus des férus de musique baroque comme "Sans Frayeur" de Charpentier et "Si dolce e'l tormento" de Monteverdi qu'il interprète avec expressivité et élégance. Dans les airs "Music for a While" et "Oh Solitude" de Purcell, sa voix rappelle celle des enregistrements du légendaire Alfred Deller.
Il nous révèle avec beaucoup d'émotion "La Canzonetta Spirituale sopra alla nanna" de Tarquinio Merula.
C'est un air chanté par Marie, une mère inquiète qui berce son enfant au destin malheureux, une berceuse menaçante qui laisse deviner l'histoire du Christ et de son éventuel décès. Pleine d'angoisse et de désespoir, la voix de la mère est accompagnée par une sensation de bercement créée par la basse, un doux motif à deux notes répétées.
Le récital se termine avec "L'Eraclito Amoroso" de la compositrice Barbara Strozzi, un voyage tout en ombres et en lumières.
Benoît Dumon donne en bis un air qu'il chante avec sa voix de baryton, ce qui démontre toute la palette de son art.
Le public est conquis.
La musique baroque est une "niche" et est souvent méconnue du grand public. Il n'y a que les stars comme Philippe Jaroussky et Jakub Orlinski ou les ensembles comme "Les Arts Florissants" avec William Christie et "Les Talens Lyriques" avec Christophe Rousset qui attirent un grand public.
Le concert avec Benoît Dumon aurait mérité une audience plus importante.